Mardi 14 avril 2 14 /04 /Avr 17:36
 
Lucie est une jeune femme de trente ans. Bien née, bien faite, elle vit à Paris dans un de ces quartiers qui semblent loin de la civilisation et du bruit de ce siècle. Une petite rue qui sent bon le chèvrefeuille et la glycine, un vaste appartement baigné de soleil, sans vis-à-vis dans ce qui fut jadis une épicerie à la façade de bois peint, dotée d’une belle cave où l’on stockait le vin, les grains et la charcuterie.


Lucie est venue au monde précisément à la première seconde des années quatre-vingt, dans un hôtel particulier de Rennes, un vieil immeuble des rues si typiques du centre ville avec ses colombages et ses murs penchés. Elle est arrivée sans bruit, les yeux encore clos, toute timide et pas à l’aise dans un nouveau monde qui lui tendait les bras, dans une chambre au décor fuschia et rose comme un délire psychédélique de vieille héritière anglaise mal fardée.


Sa mère, qui n’avait pu se résoudre à rejoindre l’hôpital si proche, pensait pouvoir la garder à l’intérieur encore un petit peu. Son père, quant à lui, avait fui à l’annonce de sa paternité prochaine. Il n’était qu’un des amants de passage de sa mère, un de ceux qu’elle draguait dans les clubs libertins de la région. Il était bel homme, bien bâti, mais complètement irresponsable. Lucie est donc arrivée chez elle, un matin de janvier, aidée d’un vieux médecin de famille presque en retraite, celui là même qui avait mis sa propre mère au monde et qui se désolait du sort que la vie lui réservait. Elle était déjà jolie avec sa peau fripée et presque violette, elle l’est toujours aujourd’hui.


Lucie a donc trente ans, une vie professionnelle bien remplie et un bel appartement sur une butte du treizième arrondissement. Pas d’homme dans sa vie, juste une chatte qu’elle appelle « pussy ». En réalité quand on dit « pas d’homme » on entend pas de mari, pas de fiancé. Car en réalité Lucie consomme énormément !




La jeune femme a découvert les plaisirs charnels très tôt. Elle avait seize ans lorsqu’elle est tombée, un jour qu’elle s’ennuyait, sur les lectures de sa mère. Adolescente rebelle, en révolte contre le pouvoir et l’argent, elle avait trouvé, un quelconque après-midi, par hasard, « la philosophie dans le boudoir » du Marquis de Sade. C’était une vieille édition illustrée de gravures monochromes évocatrices. Tout d’abord à la recherche de quelques pièces ou billets cachés dans l’alcôve maternelle, le vieux livre lui était tombé dans les mains sans qu’il n’y paraisse rien d’une étagère un peu haute. Curieuse de nature, Lucie s’installa donc sur le lit toujours rose, les jambes croisées, le manuscrit sur les genoux et dévora l’éducation morale, sexuelle et politique de la douce et jeune Eugénie par la courtisane Madame de Saint-Ange, son frère, le chevalier de Mirvel et son ami Dolmancée. Elle y découvrit des choses auxquelles elle n’avait jamais pensé, l’homosexualité, l’amour à plusieurs. La lecture de l’ouvrage n’avait pas tardé à lui mettre le rouge aux joues et le feu dans la culotte, c’est donc la tête en arrière, rallant et gémissant que sa mère la trouva, le pantalon au bas des chevilles et deux doigts bien humides dans le vagin, poussant des petits cris.

Il faisait déjà sombre dehors, lorsque sa mère rentra. La belle plus très fraîche venait de passer un bel après midi dans le lit d’un voyageur de commerce à l’hôtel des petits chevaux, un homme marié rencontré dans un bar près du parlement de Bretagne, un type aux bonnes manières qui lui avait fait étalage de ses prouesses et lui proposant de tester, bien entendu, pour témoigner de son honnêteté et voir que rien n’était exagéré, dans cet hôtel miteux près de la gare. Il s’était déshabillé, lui avait demandé de le branler pour qu’elle constate l’énormité de la chose décrite tout en lui recommandant que c’était en le suçant qu’elle obtiendrait les meilleurs résultats. La mère le suça donc, l’enfourcha, s’empala, et ne se retira que pour mieux le boire.

Elle rentra silencieusement et s’apprêtait à se coucher quand elle vit sa fille râlant sur le lit. Elle hurla en se prenant la tête dans les mains, un hurlement de femme folle ou fragile, comme un cri de douleur. Sans que Lucie aie eu le temps de se rhabiller elle s’était précipité sur elle et l’avait battue de manière désordonnée. Des coups comme des gifles, sur le visage et le corps. Lucie n’avait rien senti, s’était contentée de basculer de l’autre coté et de remonter son pantalon à la hâte avant que sa mère ne fasse le tour du matelas pour recommencer. Lucie avait donc fuit quelques jours dans les squats du centre ville. C’est là avec Edouard, un punk iroquois, qu’elle perdit sa virginité.


La mère de Lucie était folle, folle à lier, folle à enfermer. Ses hommes, ses amants, tous partis, l’avaient laissé tomber parce qu’elle était cinglée. Lucie le savait bien. Elle s’était rendue compte depuis l’enfance que sa mère glissait peu à peu vers l’inexorable folie. Celle qui ronge le cerveau. Au début ce n’étaient que quelques instants d’absence qui se sont multipliés comme par épisodes. La maladie avait gagné - Treponema Pallidum stade IV – la syphilis, celle qui tue. Pourtant elle avait été très jolie, riche et courtisée. Hélas, ses amants n’en avaient voulu qu’à son cul et à son fric. Elle avait donc perdu l’un et l’autre en ne gagnant qu’une saleté qui l’emporterait aussi sûrement que le fleuve emporte avec lui le limon vers la mer.

A seize ans donc, Lucie quittait sa génitrice et perdait son hymen le même jour dans un vieil appartement sans fenêtres, occultées par des parpaings scellés, allongée sur un matelas antique qui sentait l’urine et le mauvais vin.

Edouard, ce n’était pas un prénom convenable pour un punk à crète. Tout le monde l’appelait donc Sid, en hommage à Sid Vicious, mort avant même sa naissance. Sid était un fils de prolo de la zone de Villejean, près de la fac de lettres. Il avait été un gentil petit garçon mais un ado difficile. Il avait quitté ses vieux à dix-huit ans sans rancunes ni avenir, juste la gloire bien éphémère d’être le dernier keupon crêteux de la ville. Il n’avait aucune ressource, rien que le fruit de la mendicité sur la place de l’hôtel de ville, quelques euros par-ci par-là qui lui permettaient de picoler et manger.

Il avait trouvé Lucie qui se cachait dans sa turne, il l’avait cachée, aidée comme il pouvait et surtout, lui avait communiqué – à sa demande expresse - sa science de la baise qui se résumait à la levrette, la fellation et la sodomie.

Lucie avait trouvé ça nul, immonde. Elle s’était tirée à nouveau pour atterrir chez un oncle qui la remit sur les rails et lui permit d’achever des études honorables en communication et management.

Le même oncle se chargea même de terminer son éducation sexuelle bâclée en lui montrant sa collection de vidéos et en l’invitant à partager quelques parties fines avec sa femme et quelques invités. Il était bel homme, beaucoup plus jeune que sa pauvre sœur puisque entre Lucie et lui il n’y avait pas dix ans. Henry, c’était son prénom, était marié à Chloé, libertine autant qu’il était libertin. Ils n’avaient pas d’enfants, et c’est un relisant Le Marquis et les prouesses de Dolmancée qu’il eu l’idée d’achever l’éducation de sa nièce.

Elle s’installa donc chez lui avec plaisir près du Mans, tandis que sa mère déménageait de manière définitive dans une petite chambre médicalisée de l’hôpital psychiatrique, au sud de la ville.

En peu de temps le vieil hôtel particulier fut vendu pour une jolie somme dont hérita Lucie, à la mort de sa mère, quelques années plus tard, d’un étouffement nocturne.

A vingt ans, Lucie était une femme libre et belle, mais aussi une sacrée cochonne…



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Par Lucie - Publié dans : Lucie - Communauté : les jeunes exhibes
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