Berlin est une
ville fantastique la nuit. On ne peut pas dire que ce soit une « belle ville », son architecture souffre encore de son coté teuton, bunker, de sa lourdeur grisâtre. Il y a dans le
design urbain un coté parfois kitsch et l’air y est frais, même en été, le matin sur les premières terrasses. Mais il y a dans les recoins sombres, des lieux, des antres, comme des cavernes de
plaisir et de folie.
Il y a dans la froideur des néons, de l’alcool, de la drogue et du sexe. Comme une évidente
exsudation. Un phénomène naturel qui tend à faire sortir par tous les pores de la peau la crasse, la misère et le poids de la société.
Les berlinois
sont des gens aimables, obéissants et travailleurs le jour. Ils peuvent se transformer totalement la nuit, se débarrasser de leurs costumes de ville pour enfiler les plus trash des costards de
scène.
Ils sont maintenant les petits-fils et les petites-filles des bourreaux
d’hier, ils en portent encore le sceau infamant.
Certains
retombent dans l’extrême droite comme un refuge, d’autres luttent désespérément pour faire oublier un passé encore présent, et au milieu il y a la vie nocturne parce qu’ici plus qu’ailleurs les
chats sont gris, et qu’enfin, ils peuvent donner libre cours à leurs fantasmes les plus dingues, s’enivrer d’un maximum de plaisirs.
Olivia, le lendemain de leur arrivée, présenta à Lucie une vieille
connaissance. Il s’appelle Gérard, il est Berlinois, il a presque quarante ans, les cheveux déjà gris, mais dans le regard une force incroyable, une puissance que perçoit
Lucie.
-
Lucie, voici Gérard, un vieil ami !
-
Enchantée !
-
Moi de même ! Olivia m’a beaucoup parlé de vous par le passé.
-
Ha bon ?
Olivia lui
avait tout raconté, c’était évident. Ça se voyait sur son visage. Tout en lui disait « je te baiserais ».
-
Vous parlez vachement bien Français en tout cas.
-
Je le suis à moitié, à vrai dire !
-
Et vous faites quoi dans la vie ?
-
Je m’occupe d’une boite de nuit et je suis également le gérant d’un bordel, le « blue lights » pas très loin
d’ici.
-
Décidément on ne vérifie jamais assez l’expression « qui se ressemble s’assemble », vous comptez nous embaucher ?
-
Je suis civilisé, Olivia le sait, je ne mélange jamais le travail et la vie privée.
-
On dit ça…
-
Gérard nous invite à passer le week-end dans sa propriété de Stolberg, près de Gottingen, à cent cinquante kilomètres d’ici.
-
C’est un plan cul ?
-
Lucie !!!
-
Quoi ?
-
Gérard est un ami ! et super gentil en plus !
Lucie s’aperçut qu’entre Gérard et Olivia il n’y avait pas qu’une simple
amitié désintéressée. Olivia lui caressait le dos tandis que le type lui avait carrément posé une main sur les fesses.
-
Je vois, ok, c’est bon pour le week-end !
-
Hé bien les filles, je dois m’en aller, j’ai du boulot, je passerais vous chercher demain, ok ?
Olivia
l’embrassa en lui caressant le sexe au passage, le geste n’échappa pas à Lucie qui se contenta de lui faire un signe de la main.
-
Putain ! tu le connais depuis longtemps ?
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Quelques années, oui.
-
Vous êtes amants ? c’est pour ça que tu m’as entraînée ici ?
-
Non, on n’est pas amants, Gérard est juste un ami, un bon coup aussi, et un « fuck friend » quand j’en ai besoin.
-
un « fuck friend » à Berlin ? ce n’est pas un peu loin ?
-
C’est Régis qui me l’a présenté. Ce con avait comme ambition de devenir proxo en Allemagne à une certaine époque, il se voyait entouré de putes obéissantes, il ne voyait que le cul, sans parler
un mot d’allemand. Gérard, qui est un parent éloigné du coté de sa mère, lui a déconseillé de ce lancer dans ce business ici, verrouillé par les mafias turques et russes, et blablabla, bref, ça
ne s’est pas concrétisé, mais on venait régulièrement par ce que Régis avait la carte « open bar » permanente. Ce con aimait se faire sucer
sous la table en buvant du champ’ tandis que Gérard savait discuter d’une foule de choses qui n’avaient aucuns rapports avec son job. Avec lui je parlais d’art contemporain, d’architecture,
enfin, de culture en général. C’est quelqu’un que j’apprécie.
-
Ce n’est pas juste une sorte de proxo alors ?
-
Non, ce serait trop réducteur. Pour lui le sexe fait partie de la vie et de la culture, comme une forme d’art, une composante essentielle de la vie et de la société.
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Un libertin en somme !
-
Oui, c’est le cas.
-
Bon, et bien on fait quoi maintenant ?
-
Maintenant on va aller faire un tour dans un sex shop pour faire quelques courses et puis on va aller se rincer l’œil dans un cabaret néo burlesque, c’est un truc que j’adore dans cette
ville ! Le cul comme un art !
-
Super programme !
Trouver un sex
shop à Berlin est chose aisée. Non pas qu’il y en ai à tous les coins de rues, mais c’est tout comme, il suffit de connaître les bonnes adresses,
comme Olivia…
Le « red Parrot » est une grande surface du sexe à deux rues de
Potsdamer Platz. Une grande vitrine sur deux étages dans une rue passante où alternent restaurants, boites de nuit, bordels et sex shops. On y vient
en famille, en touriste aussi, comme sur l’avenue de Clichy à Paris. Olivia connaît les lieux.
Le « Red
Parrot » est une grande boutique spécialisée pour les filles, tenue par des filles, où l’on peut mater des films pour filles, essayer tranquillement des gadgets pour filles, et même assister
à des shows pour filles dans un minuscule théâtre où pour vingt euros on peut regarder un mec se branler, ou un couple baiser sans se faire emmerder par des vieux
lubriques.
Les quelques rares clients masculins sont venus accompagner leurs épouses ou
leurs copines Ce n’est pas le genre d’endroit où les cabines privées sentent le vieux sperme.
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Un sex shop pour nanas ! dingue !!! Pourquoi on n’a pas ça chez nous ?
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Ce n’est pas encore dans les mœurs, je crois.
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Pourquoi tu ne m’as jamais fillé l’adresse ?
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Je ne sais pas, peut être parce que je n’étais pas réellement libre de sortir comme je le voulais avec ce con de Régis…
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T’as raison, Régis est un con !
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Tiens, regarde, il y a une réunion sex toys, là-bas, ça t’amuserais d’y participer ?
-
Tu veux dire une réunion comme une réunion tupperware ?
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Tout à fait, c’est marrant, non ?
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Ouais, on fonce carrément !
Olivia et Lucie
s’engouffrèrent donc dans le salon et prirent place dans un canapé confortable pendant qu’une hôtesse présentait un gros bunny vert fluo et les saluait en allemand.
Dans l’assistance il y avait une dizaine de filles de tout age, de toute
origine sociale et de toute orientation sexuelle. Chacune tenait déjà dans la main un canard vibrant, des boules de geisha ou un god vibrant en s’amusant avec sa
voisine.
Lucie ne
comprenait pas un traître mot de la conversation mais ça rigolait fort. Au bout de quelques minutes une fille entra dans la pièce, toute rouge, un god à la main, et fit quelques commentaires
applaudis par l’assistance. Olivia lui fit comprendre qu’ici on pouvait carrément prendre le jouet qu’on voulait et l’essayer dans une cabine. Visiblement la fille avait eue un
orgasme.
-
Ça te dirait d’essayer un truc ?
-
Là comme ça ?
-
Bah ouais ! lance toi, se taper un orgasme dans une cabine de sex shop, tu n’y aurais jamais pensé il y a deux jours, non ?
-
C’est vrai. Tu m’accompagnerais ?
-
Si tu veux ! tu n’a qu’à choisir celui qui te plait.
-
Le bunny fluo mauve, là justement, ça a l’air pas mal !
Olivia palabra
quelques secondes en allemand, les filles se mirent à rire, et l’hôtesse lui tendit l’objet avec une dosette de gel et un préservatif.
Elles se levèrent enfin et filèrent vers la cabine la plus
large.